Cet article est une traduction de « Norway Rat Behavior Repertoire, an informal description of rat behavior » tiré du site neuroskeptic.
« Chatouiller le rat » peut paraitre un drôle de concept. Mais c’est également un moyen d’étudier la neurobiologie de la dépression.
C’est tout du moins ce qu’a déclaré Wöhr and Al dans un de leurs papiers. Ils sont partis du fait que lorsque l’on chatouille les rats, certains semblent apprécier, et l’expriment en poussant de petits sons de joie de 50kHz. Mais d’autres rats ne vont pas apprécier, et vont alors emettre un autre type de son, plus doucement à 22kHz.
Ces sons sont tous imperceptibles par l’oreille humaine, mais peuvent être enregistrés electroniquement.
Le fait qu’un rat donné apprécie ou non les chatouilles semble être un trait de caractère individuel assez stable. Certains aiment, d’autres pas. Et les rats qui n’aiment pas être chatouillés sont générallement anxieux et névrotiques dans certains comportements. Les Woody Allen du monde des rats, environ.
Wöhr et Al ont décidé de voir si ces différences de personnalités étaient liées au taux de neurogenèse de l’hippocampe dans le cerveau. Le stress est connu pour diminuer ce taux de neurogenèse, qui peut aussi être affecté par la dépression (les antidépresseurs font remonter ce taux, mais c’est pas une raison pour mettre rats sous AD juste pour qu’ils se marrent dans la vie hein).
Après une dose répétée de chatouillements (dix rats, pendant 5 jours, à raison de 10min de chatouillements par jour), ils en sont venus au fait qu’il y a effectivement une forte corrélation entre la réaction au chatouillement et la neurogenèse de l’hippocampe. Qu’est-ce que ça prouve? Difficile à dire. Le problème étant que ce taux a été mesuré après toutes les séances de chatouillement (parce que la seule façon de mesurer ce taux est de tuer l’animal pour disséquer son cerveau, pardon pour les âmes sensibles). Sachant que les rats qui n’ont pas aimé les guili-guilis ont probablement trouvé la procédure super stressante, et comme on sait que le stress réduit fortement la neurogenèse, ça veut peut être rien dire du tout. Il n’empêche que ça a du être une expérience bien plus agréable que nombre d’autres pour nos pauvres compagnons les rats (ok ils sont morts à la fin et c’est surement pas super drôle cette partie là, mais moi je ne fais que traduire hein).
Tout ça pour dire quoi au final? Et bien les études continuent sur le rire des rats, et admettre la cause biologique entre ceux qui aiment jouer et ceux qui n’aiment pas trop, c’est aussi un moyen de mettre le doigt sur le fait que reproduire un rat stressé, c’est prendre le risque de transmettre le comportement de base. Mais surtout, c’est dire enfin que ce n’est pas en stressant continuellement votre rat peureux en le mettant face à des situations qui le flippent que vous allez l’habituer. Au contraire, plus vous lui épargnerez du stress plus il comprendra progressivement qu’il peut faire confiance à telle ou telle chose ^^